Dans un contexte économique et financier peu favorable aux nouvelles inscriptions en Bourse, l’entreprise québécoise LeddarTech fera ses débuts officiels au NASDAQ lundi.
L’entrée en Bourse du fournisseur québécois de logiciels pour automobiles s’effectue par l’entremise d’une fusion avec Prospector Capital, une société d’acquisition à vocation spécifique dont les actions sont déjà au NASDAQ.
Les actionnaires de Prospector ont approuvé mercredi l’opération qui donne une capitalisation boursière initiale de 348 millions US à LeddarTech et qui lui rapporte 66 millions US.
L’argent récolté doit servir à appuyer les activités de l’entreprise dont le siège social est installé sur le boulevard Hamel à Québec.
« Nous sommes en phase de déploiement de notre technologie à grande échelle. On veut être en mesure de soutenir plusieurs clients en parallèle, mais aussi de faire de l’intégration sur différents types de plateformes. Ça va nous permettre de consolider notre positionnement commercial », dit en entrevue le président et chef de l’exploitation de LeddarTech, Frantz Saintellemy.
LeddarTech n’a toujours pas de clients commerciaux. « Nous sommes en prévente et engagés avec une trentaine de clients dans le monde. Ils sont tous dans des cycles de développement différents. Certains sont dans les derniers milles alors que d’autres commencent », explique celui qui succédera officiellement lundi au chef de la direction, Charles Boulanger.
Frantz Saintellemy ne veut pas dévoiler les noms des clients avec lesquels l’entreprise travaille, mais affirme qu’il s’agit de clients de renommée internationale.
Il y a néanmoins un client dont il peut parler : Ficosa, une filiale espagnole de Panasonic. « Ficosa se spécialise dans les solutions d’aide au stationnement et utilise notre logiciel pour développer une solution plus sophistiquée pour qu’un véhicule puisse trouver un stationnement et se stationner sans l’aide d’un conducteur (valet parking). C’est une solution pour commercialisation en 2026-2027 », dit Frantz Saintellemy.
Le modèle d’affaires de LeddarTech repose sur la vente de ses logiciels avec service, ce qui doit générer des revenus récurrents. La direction espère que ces revenus commenceront à se concrétiser au cours des prochaines années lorsque les clients passeront à l’étape de la production.
L’entreprise ne fournit pas de prévisions financières pour l’instant, mais prévoit d’annoncer de nouveaux produits au Consumer Electronics Show (CES) le mois prochain à Las Vegas. « On pense que ces produits vont révolutionner l’industrie dans la façon dont les logiciels sont intégrés », dit Frantz Saintellemy.
Le gestionnaire souligne que le marché des systèmes avancés d’aide à la conduite est évalué à 200 milliards US d’ici 2030 et que le marché pour les logiciels de LeddarTech est évalué à 32 milliards US d’ici 2035. « On parle d’une valeur moyenne potentielle de 120 $ US par véhicule. C’est un potentiel incroyable et il y a très peu de concurrents. »
L’acteur dominant de l’industrie aujourd’hui est Mobileye et Frantz Saintellemy soutient que LeddarTech offre une solution de rechange. « Ce qu’on fait, Mobileye ne le fait pas », dit-il.
Frantz Saintellemy soutient que LeddarTech est la seule entreprise à développer une technologie basée sur l’intelligence artificielle. « Nous sommes une des rares entreprises à faire la fusion de données brutes et de la perception purement logicielle. La plupart des solutions sur le marché viennent avec une composante matérielle. Nos logiciels sont indépendants du type de capteurs et du type de processeurs. »
L’IMPACT DU CONFLIT AU PROCHE-ORIENT
LeddarTech compte 70 employés à son centre d’innovation de Tel-Aviv, en Israël. Un ajustement a été nécessaire lorsque le conflit armé a débuté là-bas en octobre. Le président et chef de l’exploitation de LeddarTech, Frantz Saintellemy, évalue que l’impact s’est fait sentir durant deux semaines. « Du jour au lendemain, les gens ne pouvaient plus accéder au bureau. Mais comme on venait de sortir de la pandémie, nous avions encore des habitudes de télétravail. Puisqu’on fait du développement de logiciels, nous avons pu nous adapter. L’équipe fonctionne à 100 % aujourd’hui. » En fait, dit-il, il y a un effet pervers. « Les gens sont un peu plus productifs parce qu’ils sont toujours au travail. Ils n’ont rien d’autre à faire. Tant que la vie ne revient pas à la normale, le travail les garde occupés et l’entreprise en bénéficie. On a des concurrents, comme Mobileye par exemple, qui sont principalement installés en Israël. Pour eux, c’est un enjeu majeur. Nous sommes peu affectés parce qu’on a des véhicules de développement ici au Québec. Nous en aurons aussi en Allemagne en 2024. Ça nous donne un avantage par rapport à une entreprise comme Mobileye. »
LEDDARTECH EN BREF
- Activités : logiciels d’aide à la conduite automobile et de conduite autonome
- Siège social : Québec
- Année de fondation : 2007
- Nombre d’employés : 160
- Président et chef de l’exploitation : Frantz Saintellemy
- Principaux actionnaires : FS Investors (family office de Mike Stone, chef des investissements chez TPG), Investissement Québec, Fidelity, Desjardins, BDC.